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Les Principes

Les Principes

(Extrait de l’article IT-expert n°85 – mai/juin 2010)

Les points de fonction sont un standard depuis la fin des années 70. Au milieu des années 90, une normalisation expérimentale est entreprise par l’AFNOR. En 2003, l’ISO normalise la partie mesure du standard de l’IFPUG (International Function Points User Group). Les points de fonction ont pour objectif de mesurer la « valeur fonctionnelle » d’une application ou d’un projet. La mesure fonctionnelle est représentative de l’importance des services d’une application existante, des besoins des utilisateurs ou de l’ampleur des développements à réaliser. Et cette mesure est réalisée selon le point de vue fonctionnel des utilisateurs. Elle s’effectue en mesurant les données et les fonctions selon plusieurs catégories (2 pour les données et 3 pour les fonctions) et suivant 3 niveaux de complexité (faible, moyen et élevé).

Les catégories des données :

• Les données internes appelées GDI en français et identifiées sous le terme ILF (Internal Logical Files) dans le standard IFPUG et la norme ISO.

• Les données externes appelées GDE en français et identifiées sous le terme EIF (External Logical Files) dans le standard IFPUG et la norme ISO.

Les catégories des fonctions :

• Les Entrées appelées ENT en français et identifiées sous le terme EI (Externals Inputs) dans le standard et la norme.

• Les Sorties appelées SOR en français et identifiées sous le terme EO (Externals Outputs) dans le standard et la norme.

• Les interrogations appelées INT et identifiées sous le terme EQ (External Inquiry) dans le standard et la norme.

Le principe de la méthode consiste à compter l’ensemble des composants perçus par les différents utilisateurs d’une solution. La façon dont sont mis en œuvre les composants (données ou fonctions) n’est pas prise en compte. Les aspects d’implémentation ou de réalisation technique ne sont pas étudiés dans la partie normalisée de la méthode, car cette dernière se focalise uniquement sur les aspects fonctionnels.

Par utilisateur, on désigne les utilisateurs finaux, les administrateurs fonctionnels, la MOA, mais aussi les applications tierces qui échangent des résultats. Les données référencées et qui sont modifiées par une application tierce doivent être comptabilisées car elles correspondent à des données externes.

Les services offerts aux applications tierces sont comptés de la même façon que les fonctions offertes aux utilisateurs humains sous la forme d’Entrées, de Sorties ou d’Interrogations. Le terme « Nomenclature fonctionnelle » désigne l’arborescence des fonctionnalités qui identifie précisément le contenu métier du système mesuré. Seuls les composants visibles depuis l’extérieur de l’application sont comptés. Les autres composants sont ignorés, car dépendant des choix d’implémentation ou liés aux solutions technologiques mises en œuvre. A partir de cette liste, pour chaque composant, à partir de l’association entre leur catégorie et leur complexité, les règles de la norme IFPUG fournissent un poids fonctionnel.

La valeur fonctionnelle de la solution est obtenue par l’addition du poids fonctionnel de tous les composants. Il s’agit donc d’une approche additive. La valeur fonctionnelle, en points de fonction, s’établit selon trois principales façons de compter :

• La mesure détaillée (detailled) détaille l’ensemble des composants et leurs caractéristiques (catégorie et complexité) de chaque composant. Cette mesure est très précise, mais très chronophage.

• La mesure moyenne (light) obtient une bonne précision sans être excessivement chronophage. Pour un grand nombre de composant, cette mesure présuppose de la convergence des complexités vers une valeur moyenne. Elle détaille l’ensemble des composants et leur catégorie. La complexité n’est pas précisée, tous les composants sont comptés avec une complexité moyenne. Cette mesure est nettement plus rapide que la mesure détaillée pour une faible diminution de la précision.

La mesure rapide (fast) estime rapidement l’ordre de grandeur du nombre de points de fonction. Elle ne détaille pas l’ensemble des composants de la nomenclature fonctionnelle. Diverses techniques permettent aux experts d’approcher le nombre de points de fonction. La plus connue consiste à établir un ratio représentatif entre poids des données et poids des traitements et à ne compter que les données.

Les Points de Fonction pourquoi faire

Comme nous le verrons le Point de Fonction en tant que métrique de la pesée fonctionnelle des applications informatiques est à rapprocher pour bien être compris au mètre carré métrique universel retenu pour la mesure des surfaces. Le Point de Fonction tout comme le mètre carré est indépendant du contexte de mesure et de la valorisation de cette mesure. Indépendant de la mesure puisque l’on s’attache à quantifier une surface que ce soit pour une prairie, une pièce d’habitation en ville, ces mesures seront indépendantes de la valeur unitaire immobilière, qui peu varier de façon considérable en fonction de l’usage et de la situation géographique du bien à valoriser. Il en est de même pour les Points de Fonction dont la variance du ratio de productivité comme nous l’étudierons sera dépendant de la taille, de la technologie employée, ou encore de la typologie de l’application à développer ou à mettre en œuvre.

L’utilisation des points de fonction est multiple. L’IFPUG propose trois principales utilisations :

1. La valorisation fonctionnelle des applications. Compte la valeur du parc applicatif et compare la valeur fonctionnelle de diverses applications. Ce type de comptage offre également un moyen de comparaison entre les fonctions utilisées et celles qui sont offertes par une application. Elle met en regard les fonctions livrées et les fonctions commandées à un prestataire.

2. La valorisation projet mesure l’ensemble des composants fonctionnels à réaliser dans le cadre d’un nouveau projet. Cette valorisation est un point essentiel d’entrée pour l’estimation de charges, car le facteur le plus influent de l’effort est la taille du développement demandé. Cette estimation de charges peut se faire selon le standard IFPUG (non normalisé ISO) ou via d’autres méthodes d’estimation de charges qui acceptent les points de fonction en entrée comme COCOMO II.

3. La valorisation d’évolution. Cette dernière part d’une nomenclature fonctionnelle où la nature de l’évolution de chaque composant est marquée (Modification, Suppression, Création). Comme pour la valorisation d’un projet, celle de l’évolution est un point d’entrée pour l’estimation de charges.

Les points de fonction s’utilisent au-delà de ce que propose l’IFPUG. Dans de nombreux cas, les points de fonction apportent un moyen de mesure riche et fiable.

Les points de fonction sont utilisables dans le cadre de la gouvernance SI. Pratiquement, la première utilisation des points de fonction concerne la valorisation fonctionnelle du parc d’application d’une organisation.

 Les points de fonction (PF) permettent de mesurer la maturité des processus DSI en fournissant des indicateurs incorporés dans des tableaux de bord. Les PF sont utilisables dans le benchmarking. Ils servent à valoriser son parc applicatif selon plusieurs axes : domaine applicatif, technologie, progiciel, âge des applications, etc. Maintenir un référentiel associant lespoints de fonction avec d’autres métriques permet de déterminer des ressources utiles telles que le nombre d’ETP (Équivalents Temps Plein) pour les maintenances (correctives, préventives, évolutives), les assistances de divers niveaux, la prévision statistique du nombre d’anomalies…

CMMI ainsi que le Cobit préconisent l’emploi des points de fonction comme base de mesure.

Les points de fonction servent de support à l’établissement des schémas directeurs. Cette méthode fournit un moyen pour déterminer la valeur fonctionnelle et les coûts de développement des applications. Associée à une méthode d’analyse de la valeur, elle contribue à définir les priorités des différents projets. Dans le même ordre d’idées, les points de fonction sont un support à la gestion de portefeuilles de projets en fournissant une mesure de la valeur fonctionnelle des applications qui composent les portefeuilles…

Les projets mieux maîtrisés

Les points de fonction sont un outil important dans la gestion de projet. « La comptabilité fonctionnelle » qui mesure les évolutions en points de fonction sert pour valoriser la dérive fonctionnelle. Réalisée à chaque phase d’un projet (émergence, cadrage, spécifications générales, spécifications détaillées…), quantifie la dérive qui est détectée et mieux maîtrisée. Cette analyse lève des alertes, par exemple, si le besoin n’est pas mature, la dérive fonctionnelle reste importante même dans les phases avancées du projet. Cette analyse mesure cette dérive et alerte rapidement le chef de projet.

Le suivi du réalisé et du « reste à faire » est mesurable par les points de fonction. Cette mesure est un outil de suivi de la progression du projet en points de fonction livrés et non pas en simples charges. Une corrélation des deux suivis mesure la performance des équipes tout au long du projet. Ce suivi est un outil de diagnostique de l’avancement fonctionnel qui lève rapidement des alertes en cas de problèmes dans l’avancement du projet.

La valeur fonctionnelle d’un projet permet d’estimer les charges selon un cycle de vie défini. Cette estimation est réalisée soit par coefficient de performance associé aux technologies, aux catégories de projets…, soit au travers de méthodes d’estimation de charges compatibles avec les points de fonctions (ex. COCOMO II).

En fin de projet, l’établissement d’un bilan de comparaison des mesures réelles par rapport aux prévues (valeur fonctionnelle PF et charges de réalisation) sert à l’organisation à capitaliser son expérience au travers de l’enrichissement d’un référentiel de mesures.

Au-delà de ces valorisations, la méthode des points de fonction favorise la compréhension et le dialogue entre MOE et MOA. Simplement au travers de la liste fonctionnelle des composants  de l’application, la méthode des points de fonction offre une vision de l’application accessible à toutes les parties prenantes.

Des mesures pour urbaniser le SI

L’association des points de fonction à l’urbanisation SI met à la disposition des urbanistes une métrique. Cette métrique permet de mesurer le poids fonctionnel des zones, des quartiers ou des îlots de l’urbanisation. L’adéquation avec les objectifs stratégiques métiers est mis en évidence par cette mesure. Les points de fonction offre à l’urbaniste des métriques pour valoriser chaque composant de la cartographie ainsi que l’ensemble de son SI.

La méthode des points de fonction offre un moyen de détection des fonctionnalités présentes dans plusieurs applications. Les points de fonction associés à l’urbanisation mesurent le taux de redondance ou de factorisation des composants du SI. Par exemple, avec un taux de factorisation nul, la valeur d’un îlot correspondra à la somme des valeurs fonctionnelles des applications qu’il contient. Dans le cas contraire, la valeur de ce même Îlot sera plus élevée (factorisation des composants applicatifs du SI pour le même périmètre fonctionnel au niveau de l’îlot).

Les points de fonction proposent un outil de mesure des référentiels partagés. Ils servent à mettre en évidence les informations partagées au sein d’une organisation (Groupes de données externes communs à plusieurs applications).

Ils servent de valoriser fonctionnellement les services communs réutilisables. Par exemple au sein d’une administration la valeur de l’architecture applicative a été mesurée. Cette mesure constate une augmentation de la valeur fonctionnelle d’une application. Mais, elle correspond à une diminution globale de la valeur du patrimoine du fait de la factorisation des services réutilisables. À service constant, la diminution de la valeur de patrimoine est bénéfique, car elle reste corrélée à la baisse des coûts de maintenance.

Quelques limites et contraintes

La principale contrainte des points de fonction est liée au processus de mesure. Ce processus s’appuie en partie sur la documentation de l’application. Si la documentation est fiable, la mesure est fiable. Dans le cas contraire, la valeur ajoutée et l’expertise du compteur entrent en jeu. Dans des cas défavorables, deux experts peuvent arriver à une variation de 5 % et 10 % de la mesure. Cette imprécision est maîtrisable, car traçable par la nomenclature fonctionnelle, mais nécessite de se rapprocher des utilisateurs. Pour l’estimation projet, la norme ISO se limite aux aspects strictement fonctionnels. Elle ne prend pas en compte la complexité de réalisation, pas plus que les moyens humains, matériels et technologiques. Les exigences non fonctionnelles ne sont pas prises en compte. Ces limites ont un impact fort lorsqu’une estimation de l’effort d’un projet est réalisée statistiquement au travers d’un référentiel de productivité interne ou externe. En revanche, leur impact reste limité dans le cas de l’utilisation de la méthode Cocomo II qui intègre ces aspects. La méthode des points de fonction est statistique. Plus la taille fonctionnelle mesurée est importante plus les résultats sont exploitables. Enfin, compte tenu de l’approche essentiellement fonctionnelle, la méthode des points de fonction stricto sensu doit être étendue pour s’adapter aux projets techniques, scientifiques, d’ergonomie ou à la maintenance corrective.

Une panoplie d’outils

Les outils liés aux points de fonction sont de trois ordres : comptage, référencement et estimation de l’effort.

Certains outils permettent de réaliser un comptage rapide comme FP Outline, KISS et SPR KP Composants. L’intérêt consiste à enrichir progressivement le comptage. Les autres outils nécessitent de définir la liste des composants et leurs caractéristiques au travers de saisies multiples. Cependant, ces outils ne permettent pas la réalisation de saisies rapides et de saisies de masse.

De nombreuses organisations utilisent des outils réalisés à l’aide de tableur tels que ceux de Microsoft ou d’Open Office. Le principal défaut de ces outils réalisés sur ces plateformes bureautiques réside dans l’absence de fonction de référencement. Néanmoins, ils sont totalement adaptables.

Certains outils tels que ceux de CAST permettent de réaliser un comptage à partir du code applicatif. Ainsi, AIP (Application Intelligence Platform) réalise l’analyse du code et des requêtes de l’IHM. Cet outil détermine également les évolutions fonctionnelles et permet d’obtenir rapidement l’évaluation d’un parc existant. Dans tous les cas, cette évaluation sera complétée par un calibrage effectué par un expert afin de garantir la conformité des mesures aux normes et aux règles de comptage de l’organisation. Ces outils automatiques ne produisent pas de nomenclature fonctionnelle, cadre de toutes les négociations ou d’utilisation des méthodes agiles tel que le backlog de Scrum.

Rédacteurs  

 Pascal Lemaître,

Consultant senior 

Utilise les points de fonction auprès des principaux clients de Semantys (Michelin, 

DGFiP, SNCF…) et coresponsable de l’évolution de la gamme Semantys d’outils de 

comptage et d’estimation de charges. 

pascal.lemaitre@semantys.com

Lionel Perrot,

 Consultant Manager

 Utilise les points de fonction depuis plus de 10 ans et intervient auprès des 

principaux clients de Semantys. Il est coresponsable, au sein du pôle gouvernance 

de Semantys, de la mise en oeuvre des points de fonction dans les processus de 

mesure SI. M. Lionel Perrot est membre de l’ASSEMI.

lionel.perrot@semantys.com

Joël André,

Directeur, cofondateur du cabinet 

Membre de l’IFPUG et de l’ASSEMI, il utilise les points de fonction depuis plus de 15 

ans et intervient auprès des principaux clients de Semantys. Il est responsable de 

l’offre SEMANTYS et particulièrement de l’utilisation des points de fonction. 

joel.andre@semantys.com

Références

IFPUG : www.ifpug.orvg

ISO : www.iso.org

ASSEMI : assemi.fr

SFERA ® : www.dpo.it

FP Outline™, PQMPlus™ : www.totalmetrics.com

FP Workbench™ : www.charismatek.com

FP Outline™, PQMPlus™ : www.totalmetrics.com

ISBSG : http://www.isbsg.org/

Knowledge Plan ® : www.spr.com

PQMPlus™ : www.qpmg.com

IT_85 PF

Ci-joint le document original. Bonne lecture

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